« … près du lac d’Herrenchiemsee – où elle se lie d’amitié avec le poète » [28 janvier 2022]

« Vous n’imaginez pas, Princesse, comme le monde a changé […]. Celui qui entend vivre désormais comme il y était habitué se trouve en permanence confronté à la répétition la plus immédiate, au encore et encore le plus nu, et à tout ce que celui-ci a de plus irrémédiablement stérile. […] Pour l’instant, je remarque seulement que la vie ne pourra reprendre, comme je le pensais, à l’endroit de fracture de l’avant-guerre […]. »

Rilke, le 23 juillet 1920, près de Bâle, en Suisse, à Marie Taxis princesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pontcerq, en ce 28 janvier 2022, donne quelques nouvelles d’activités passées, présentes et à venir :

1) Le 11 février paraîtra :

de Gert Hofmann, Le Retour à Riga du fils prodigue J. M. R. Lenz, traduit par Henri-Alexis Baatsch.

Un an après le passage au Ban de la Roche, dans les Vosges, Lenz, épuisé, démuni, rentre à Riga, où il espère trouver un soutien, un appui… Voir [ici].
 

2) Nous faisions, à Berlin, circuler ou affichions aux murs ce tract-flugblatt, récit d’une manifestation ayant eu lieu le 21 février 1968. Le tract est intitulé « Eine Demonstration damals in Berlin » et était distribué « à la mémoire de Ulrike Marie Meinhof terroriste » ; il donne un contexte, sans lequel on comprend trop mal les années qui suivirent. Voir [Pontcerq-flugblatt#11].

3) On lit dans le numéro d’Europe de janvier une recension du livre de Frédéric Metz, Le Plongeur de Pélasge. L’auteur de la recension, Christophe David, reproche au livre de ne pas « s’engager dans la voie d’une critique de la science » et pour le montrer cite cette phrase : « ce qu’elle (la science) découvre est toujours, sans réserve d’aucune sorte, admirable ». Sur ce livre, voir [ici].

4) On lit (en cliquant [ici]) une recension sur le livre de Jean-Michel Gouvard, Le Nautilus en bouteille. Une lecture de Jules Verne à la lumière de Walter Benjamin, Pontcerq, 2019. Jean-Michel Gouvard sera présent à Amiens, les 17 et 18 mars 2022, dans le cadre du colloque « Nouvelles lectures politiques de Jules et Michel Verne ».

 

« Rilke tente également d’aider Toller, qui s’est caché au domicile d’une amie et qui lui demande de l’accueillir chez lui, ce qui s’avère cependant impossible.
    “Je suis désolé mais chez moi vous ne seriez pas en sûreté : mon domicile a déjà été fouillé à deux reprises. Ils avaient mis mon appartement sous la protection de la République des conseils, et j’ai oublié ensuite de retirer la pancarte, ce qui m’a attiré ces malheurs. La police est venue à nouveau il y a deux jours, des détectives, en photographiant, ont trouvé un dossier dans lequel se trouvait votre portrait, à côté du mien. Cette coïncidence fut prétexte à nouvelle persécution.
   Hausenstein et d’autres amis munichois ont témoigné que c’est avant tout une perquisition à son domicile, menée très tôt le matin par des policiers lourdement armés, qui poussa Rilke à quitter Munich, définitivement. »

Wolfgang Leppmann, Rilke. Leben und Werk, 1981 rééd. 1993, p. 386. (Rilke ne rentra jamais en Allemagne.)
 

« Enfin Rilke se fait confectionner par le menuisier du village un pupitre. Début 1922 s’y ajoute un second, muni de bougies, sur lequel jusques au plus profond des nuits il écrit les Élégies, tandis que sur l’autre, le plus ancien pupitre, naissent les Sonnets. »

ibid., p.414

 

« Sophie Liebknecht, mariée avec le leader socialiste alors incarcéré, et qui s’attire la sympathie de Rilke par le seul fait qu’elle est russe de naissance, passe elle aussi plusieurs semaines de l’été 1917 près du lac d’Herrenchiemsee – où elle se lie d’amitié avec le poète. »

ibid., p.382

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                      

5) Ont été mises en dépôt [ici] deux nouvelles traductions de Hebel. (Lionel Monier lit – Lénon peint l’oiseau mort).

6) Une nouvelle série de l’affichage messalino-claudien est initiée ce mois-ci, janvier. C’est la série dite « Le Manager (virgule) ». C’est un premier volet, qui en comptera trois. Voir [ici].

Nous sommes en mesure d’annoncer l’advenue prochaine d’un enfant : Britannicus, digne fils de Claude Empereur et de Valérie Messaline Impératrice. Il apparaîtra au volet 3 de la série « Manager (virgule) », à Rennes – pour en donner le fin mot, le volet 1 seul n’ayant pour l’instant aucun sens.

 

« Lou, par contre, qui vient de participer à Weimar au premier Congrès de psychanalyse, et qui s’apprête à se former pour pratiquer elle-même, la lui déconseille vivement, et elle télégraphie même à Duino, dans la crainte que Rilke se soit déjà mis en route pour un traitement à Munich. On ne sait avec certitude si ce qu’elle considère comme inapproprié dans cette analyse est le médecin, le moment, ou d’autres circonstances plus accessoires. […] Était-ce justement, et ironiquement, sa connaissance précise de la psychè de Rilke qui l’incitait à dissuader celui-ci d’entreprendre cette thérapie […] ? »

Wolfgang Leppmann, Rilke. Leben und Werk,  p. 320.

 

« En 1925 Rilke suggère à la maison d’édition Insel de faire traduire l’Anabase de Saint-John Perse, poète encore peu connu, par un jeune écrivain familier de la vie intellectuelle française, mais dont le nom n’est point encore parvenu aux oreilles d’un large public. »

ibid., p.436. [N.B. : c’est un traducteur de Baudelaire, de Poust.]

 

« Peu après avoir fait la connaissance du jeune Rilke, Rodin lui donna ce conseil d’aller au zoo de Paris : pour y apprendre tout d’abord à voir vraiment… »

ibid., p. 257 [à Meudon, vers 1902]

 

« En fin d’après-midi, le 9 février, Rilke télégraphie à Nike : Sept élégies sont maintenant entièrement achevées ; en tout cas les plus importantes. Joie, émerveillement. Le soir suivent des lettres à l’amie (Merline, je suis sauvé [en français]) et à Kippenberg. »

ibid., p. 429

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7) Pontcerq, fabricant de livres, donne à contre-temps, dans le milieu de l’hiver, une traduction de Rilke, déjà faite ailleurs et maintes fois sans doute, faite ici autrement, pour changer : Herbsttag. Voir [ici] (Pontcerq-flugblatt#12).

8) Il y a, dit-on, beaucoup de travailleurs intellectuels – éditeurs, écrivains, curateurs, gens de théâtre – qui un jour entrèrent au parti (celui-là, un autre ; un parti au pouvoir), mais qui au contraire d’autres, en le faisant, n’agissaient pas du tout par conviction (c’était d’ailleurs, à leur goût, un parti au discours bien trop bête et simpliste, sinon même des plus contraires qui soient à leurs idées) ; eux ne faisaient cette adhésion que parce que sans elle trop de portes se seraient fermées : pour exposer, publier, représenter, imprimer. (Merci à toutes celles et ceux qui l’an passé ont soutenu Pontcerq en achetant un des livres que nous mettons à vendre en librairie, ou colportons, dans nos sacs à dos, et, dans les villes, étalons çà et là sur des tables, rageusement, entendant répéter partout autour qu’un compte Facebook est à l’heure actuelle, dans l’édition, condition sine qua non, et qu’on ne peut sans cela s’en sortir. Par un effet de réduction de visibilité considérable, causé par l’adhésion d’autres, nous vendons en effet tellement moins qu’avant. Merci aux librairies qui font encore le boulot, dans le monde.)

Tempora mutantur et nos mutamur in illis.

Pontcerq